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La récente enquête sur des trafics d'antiquités, qui a mené des Etats-Unis à l'Allemagne en passant par Genève et le Moyen-Orient pour aboutir à la France et au Louvre, montre bien que le marché de l'art s'est complètement internationalisé aujourd'hui.

Deux modèles économiques s'y opposent : un marché à l'anglo-saxonne non régulé, totalement libéralisé, et qui se libéralise toujours plus, comme en témoignent les récentes décisions des autorités de la ville de New York ; et un marché régulé à la française.

Dans le premier, l'argent circule rapidement entre les galeries, les marchands et les maisons de vente, dans une spirale inflationniste et spéculative qui touche les plus belles pièces. L'art contemporain a détrôné les grandes oeuvres du XVIIIe siècle, qui intéressent moins les grands amateurs.

Objectif : être des marques de luxe

La seule responsabilité qui pèse sur les acteurs consiste à faire tout ce qui n'est pas interdit, sous le contrôle des tribunaux, qui peuvent prononcer des peines très sévères, au bout de procès longs et coûteux pour les acheteurs ou les vendeurs lésés. Les exigences de conformité formelles règnent en maître dans les maisons de vente, dont les experts sont salariés, et qui se livrent une vive concurrence pour attirer les oeuvres qu'elles se font fort de vendre au meilleur prix, aux enchères, voire de gré à gré. Leur objectif : être des marques de luxe.

Les vingt premières maisons mondiales pèsent, en 2021, 56 % du marché mondial des objets d'art. La première maison française, Artcurial, est au 19e rang. Les gains cumulés des deux premières Sotheby's et Christie's, 3,1 milliards, participent pour 29 % à la croissance du marché mondial en 2021, selon l'étude que vient de publier le conseil des ventes.

Le marché des ventes français, quatrième mondial

Avec 4 milliards d'euros, le marché des ventes français, plus modeste, mais quatrième mondial tout de même, a réalisé une belle performance, et les transactions sur les objets d'art et de collection ont frôlé les 2 milliards d'euros en 2021. Le premier semestre de 2022 montre une belle continuité, et la France demeure un grenier qui livre chaque année des pièces magnifiques, comme en témoignent les récentes ventes Lagerfeld ou Givenchy, et bientôt la vente Al-Thani.

Avec 4 milliards d'euros, le marché des ventes français, plus modeste, mais quatrième mondial tout de même, a réalisé une belle performance, et les transactions sur les objets d'art et de collection ont frôlé les 2 milliards d'euros en 2021. Le premier semestre de 2022 montre une belle continuité, et la France demeure un grenier qui livre chaque année des pièces magnifiques, comme en témoignent les récentes ventes Lagerfeld ou Givenchy, et bientôt la vente Al-Thani.

Pas d'irrégularités malgré quelques « affaires »

On ne connaît pas d'exemple d'une irrégularité, y compris à la déontologie des enchères, régie par un recueil d'obligations, qui n'ait été poursuivie et sanctionnée, si elle est soupçonnée. Mais elles sont rares : 1 % des réclamations portées au conseil des ventes ont donné lieu à poursuite en 2021 par le magistrat du parquet qui officie comme commissaire du gouvernement. Le doute s'installe néanmoins, avec les « affaires » qui surgissent de temps en temps, et tout récemment encore. Que faut-il faire en France pour consolider la confiance ?

L'Etat ne doit pas fuir ses responsabilités. A lui d'utiliser les ressources extraordinaires que nous donne le numérique pour bâtir - enfin - une base de données des biens culturels interconnectée comportant des oeuvres des collections publiques, des oeuvres soumises aux certificats d'exportation, des documents du livre de police informatisé des marchands et des maisons de vente (la loi le prévoit mais elle n'est pas appliquée), des fichiers des services de police et des oeuvres volées ou pillées.

La provenance prend le pas sur l'authenticité

Ce qui justifie ce chantier, ce sont les balbutiements de la recherche des biens volés, les trafics d'antiquités pillées sur les théâtres de guerre, et les multiples revendications d'Etats africains ou sud-américains qui veulent récupérer les biens majeurs de leur patrimoine.

La provenance des objets prend peu à peu le pas sur leur authenticité. Les musées sont questionnés : leur rôle éducatif et scientifique doit être revalorisé et ils doivent être sans défaut. Le rapport d'état des objets doit s'imposer partout, et devenir une véritable carte d'identité numérisée, pour les oeuvres muséales comme pour les objets mis sur le marché. Les conservateurs, les experts et les marchands doivent contribuer à cette tâche nationale pour que le marché français ne soit pas atteint par le soupçon.

Le marché doit rester fluide pour permettre la circulation des oeuvres à l'air libre et non pas sous le manteau. Il est important que ce projet français recueille l'adhésion des acteurs, et d'un ministère de la Culture dont c'est la première responsabilité. 

 

Tribune publiée dans Les Echos le 17 août 2022

Publié le
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